Le vendredi 10 février 2023, a lieu dans le département du Mono, deux séances de sensibilisation de deux femmes handicapées visuelles et leur entourage. Il s’agit de TINIGO Esther et KPATI Chancelle. Ces deux séances de sensibilisation ont été conduites par le binôme Prisca TOSSOU et Marie HOUNNOU, toutes deux femmes leaders handicapées de vue.
Dans la famille de la première FHV visitée (Esther TINIGO), les échanges ont porté sur le handicap visuel et sur les droits des personnes handicapées. En effet, dame Esther TINIGO est mère de quatre enfants et est devenue aveugle en 2009. De son témoignage, sa cécité serait subvenue après qu’elle ait décidé de quitter son mari à cause des violences morales que celui-ci lui faisait subir. Malgré son handicap, dame Esther essaie du mieux qu’elle peut de faire elle-même ses travaux ménagers. Cependant, elle n’arrive pas à exercer une activité pouvant lui permettre de se prendre véritablement en charge, non seulement à cause du manque de moyens financiers, mais aussi à cause de son handicap qu’elle n’a pas encore accepté. Dame Esther voit son handicap comme un grand obstacle. Elle espère toujours un miracle pour retrouver la vue un jour. Cette situation la rend davantage vulnérable, dépendante des autres et peu persévérante.
Face à ce cas, les animatrices femmes leaders ont encouragé la famille pour leurs efforts en son endroit et les ont sensibilisés sur l’importance d’aider dame Esther à participer à la vie sociale et à l’associer petitement pour les tâches de la famille.
Dans la seconde famille de la FHV visitée (KPATI Chancelle) ce jour, les échanges ont porté sur les droits des personnes handicapées, notamment le droit à l’éducation et d’appartenir à une association. En effet, Chancelle KPATI est une fille âgée de 12 ans et née aveugle. Elle n’est pas scolarisée et n’est autorisée à rien faire dans la maison à cause de sa cécité, du fait de l’ignorance et de la méconnaissance des droits et potentialité de la personne handicapée. Pendant ce temps, ses autres frères et sœurs vont à l’école et font les travaux domestiques. Cette situation a amené les animatrices femmes leaders à sensibiliser les parents sur les droits des personnes handicapées ; elles sont parties de leurs expériences que les femmes handicapées ont des potentialités et sont capables de faire beaucoup de choses si on leur donne les moyens et l’accompagnement qu’il faut. Les échanges et témoignages ont éclairé les parents. Ils ont compris l’importance d’instruire également leur fille bien qu’elle soit personne aveugle. Ils se sont d’ailleurs engagés à se rapprocher du Centre Siloé de Djanglanmey pour prendre des renseignements pour l’inscription de leur fille afin qu’elle puisse bénéficier de l’éducation scolaire et apprendre à vivre et à travailler avec les autres.
Les deux séances de ce jour se sont bien déroulées. Elles ont duré en moyenne une heure chacune. Les messages des binômes de femmes leaders ont été compris.
QUELQUES TEMOIGNAGES
T1 :
Je suis Madame X, FHV. J’étais mariée, j’ai 3 enfants. Le premier a plus de 20 ans et est en apprentissage. Il vit ailleurs avec un parent.
Les deux autres sont à ma charge et ce sont les membres de ma famille qui m’aident à les élever. Leur père ne se soucie pas de leur prise en charge ne serait-ce qu’alimentaire. Il est conducteur de taxi-moto.
Je suis désemparée au point où j’ai du mal à entreprendre une AGR. Je n’ai pas confiance aussi de pouvoir bien la mener et chaque jour, je me plains du père de mes enfants, mais cela ne change rien.
Maintenant que vous m’avez parlé avec vos conseils, je me sens encouragée et j’ai compris que même si une femme porte le handicap visuel, elle peut se réaliser. Avec mes proches (ma maman et Vous mes frères et sœurs) qui m’aident beaucoup, j’essayerai de quitter ce manteau de tristesse permanente. Merci de m’avoir éclairée et réconfortée.
T2 :
Je suis la maman X. Je suis heureuse de votre visite. Je ne m’attendais à écouter de si beau message constructif qui me rassurerait à réorienter ma fille chancelle. Elle est née handicapée de vue et elle a maintenant 12 ans. Depuis son enfance, elle constituait pour moi un véritable souci et je ne cessais de la protéger. Je ne veux pas qu’elle sorte, mais de force elle accompagne souvent sa sœur aînée dans ses sorties. Elle me défie pour balayer et faire la vaisselle et je la rabroue. Mais maintenant que je vous ai écoutées avec vos témoignages, j’en suis émue et je me demande si ma fille pourrait comme vous un jour. J’ai été informée qu’elle pourrait aller à l’école mais je me demandais qu’est-ce–qu’elle irait faire et je ne voulais pas aussi qu’elle reste éloignée de moi quand elle sera à l’internat, mais tel que vous venez de parler, avec son père, nous allons nous renseigner pour l’inscrire. Merci beaucoup pour votre visite.