Les 22, 23 et 24 mars 2023, de 8h-16h, a eu lieu à Porto Novo (environ 30 à 40 km de Cotonou), au centre St Charles Lwanga de Ouando, un atelier de formation sur les textes de lois protégeant les Personnes Handicapées visuelles. Pendant trois jours, les participants ont été formés d’une part, sur le contenu de la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH) et la loi N° 2017- 06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes Handicapées en République du Bénin ; et d’autre part sur les obstacles à la pleine et égale jouissance des droits des personnes handicapées et les possibilités de recours en cas de violation de l’un de ces droits.
En ce qui concerne les obstacles, les participants ont identifié entre autres : la timidité des personnes handicapées, la faible connaissance de la loi, la non-conformité des lois à l’esprit de la convention. S’agissant des possibilités de recours, il a été retenu : le mécanisme prévu par la convention, la médiation sociocommunautaire, les institutions de recours au Bénin comme le Centre de Promotion Sociale (CPS) et la Réadaptation à Base Communautaire (RBC).
La formation s’est déroulée suivant une approche participative, concertée, uniquement en langue locale « goun » et a été animée par M. Donatien HOUNVI Donatien (Technicien supérieur de l’action sociale) M. Julien KPEDJI (Spécialiste formateur sur les droits des personnes handicapées). Au terme des trois jours de formation, les participants étaient satisfaits de l’organisation générale de l’atelier car leurs attentes ont été comblées. Ils ont proposé que des séances de sensibilisation à l’endroit des parents d’élèves et des fidèles des églises, soient davantage organisées afin de mettre tout le monde au parfum des lois qui protègent les personnes handicapées. Au total, 22 personnes handicapées visuelles (15 PHV du département de l’Ouémé et 7 PHV du département du Littoral) ont été formées, outre les 03 membres de l’équipe technique de l’ONG Bartimée et les deux trois guides-bénévoles. Ces PHV n’avaient pas été auparavant formées par l’ONG Bartimée sur cette thématique. Notons que pour faciliter l’organisation, certains participants (notamment ceux qui ont quitté très loin) ont été hébergés et ont bénéficié d’un diner. Par ailleurs, chaque participant avait eu droit à un petit-déjeuner et un déjeuner pendant ces trois (03) jours de formation.
Quelques témoignages
Monsieur X : Depuis que nous sommes venus ici mercredi (22 mars 2023), nous avons appris beaucoup de choses surtout sur les droits des personnes handicapées. Nous avons appris que nous avons beaucoup de droits au même titre que les personnes valides. Les communicateurs nous ont expliqué comment faire les démarches et vers quelles institutions, nous devons nous rendre lorsque nos droits sont violés. Ce que j’ai découvert ici est tellement important que je pense qu’il faut sensibiliser tout le monde sur les droits des personnes handicapées afin qu’on puisse vivre ensemble et à l’aise avec les personnes valides car nous sommes trop brimés à cause de notre handicap […] Je suis très content de la formation et de son déroulement. Je suggère à l’ONG Bartimée d’aller dans d’autres contrées, villes comme Parakou, Natitingou, Bohicon, etc. pour informer d’autres PHV et éveiller leur conscience. Nous devons rester ensemble et mener ce combat jusqu’à ce que toute la population béninoise connaisse nos droits. Merci beaucoup à l’ONG Bartimée d’avoir pensé à nous les PHV de l’Ouémé.
Madame Y : Je viens de DANGBO (département de l’Ouémé) Mon village Dangbo est situé à 25 km environ de Porto-Novo. Nous avons appris ici, les droits que nous, personnes handicapées avons. J’utiliserai mes droits pour être moi-même, pour réaliser des choses et pour que mes enfants en profitent. S’il y a des réunions ou rencontres, je pourrai sortir, y participer et faire entendre ma voix, parler, faire remarquer ce qui ne va pas au même titre que les personnes non handicapées. Je suis très contente d’être venue ici pour prendre part à cette formation. Ma venue ici m’a permis d’acquérir du savoir qui n’est pas quantifiable. Il ne s’agit pas d’argent, mais de la connaissance car nous, personnes handicapées visuelles, quand on nous invite, nous nous attendons à un geste de don (matériel ou financier), mais ce que j’ai reçu pendant ces trois jours, dépasse de l’argent et je remercie sincèrement l’ONG Bartimée. De retour chez moi, j’ai la possibilité d’utiliser ces connaissances pour aider les PHV qui ne sortent pas et qui sont dans ma localité. Aux autorités et décideurs, je voudrais qu’ils puissent nous accompagner pour développer des activités génératrices de revenus. Quand je n’ai plus d’argent pour m’approvisionner en produits, personne ne veut me vendre à crédit. C’est mon mari qui s’arrange parfois pour m’aider. Je souhaiterais qu’il y ait de l’aide [microcrédit en faveur des PHV], l’Etat peut penser à ça, de même que l’ONG Bartimée car nous avons aussi le droit de mener des AGR pour notre autonomisation.